Le but de ce deuxième voyage est de rencontrer des producteurs qui fournissent les achats groupés de R.E.S.P.E.C.T.S. tout en profitant de l’offre touristique des Galline Felici avec leur projet d’agritourisme "L’Autre Sicile".
Le voyage programmé du 9 au 16 octobre 2016 était prévu en minibus depuis Gap. Il devait utiliser le même trajet que les agrumes et emprunter le ferry de Gênes à Palerme. La durée de ce trajet nous à fait renoncer.
Finalement six participants partent en avion de Turin pour Palerme le 9 octobre.
Le programme du voyage est établi pour respecter un bon équilibre entre les rencontres avec les producteurs et les visites touristiques choisies par les Galline pour nous faire découvrir "leur" Sicile.
Trajet : Départ de Gap vers 10 heures, arrivée à Sferracavallo (PL) à 20h30 en passant par : Susa pour se restaurer, Turin Caselle pour décoler, Palerme (Falcone-Borsellino) pour attérir. Le B&B Oltremare à Sferracavallo sera notre hébergement pour deux nuits.
Rencontres : Adrien, notre guide, et sa compagne Amélia, l’hôtesse, Lella Feo, amie de Roberto.
Dégustations : "Pasta" pour le déjeuner à Susa ; pour le dîner Lella nous a préparé des spécialités palermitaines (diverses salades de légumes et boulgour, sardines farcies, poisson, ... cassatelle) le tout copieux et savoureux. Nous sommes bien en Sicile.
Emotions : Lella est intarrissable sur Palerme, la Sicile et dans son engagement personnel à travers les "RES" (Rete di Economia Solidale) italiens. Belle maison d’hôtes avec une magnifique vue sur le golfe de Sferracavallo.
Trajet : De Sferracavallo nous rejoignons la réserve naturelle de Zingaro randonnée, baignade dans l’eau turquoise de la petite crique "Cala della Disa" ; Scopello pour déjeuner, Castellammare del Golfo pour le dessert. Arrêt à Sferracavallo puis direction Montreale. Traversée de Palerme et retour chez Lella.
Rencontres et découvertes : Dans la réserve de Zingaro (1.600 hectares Natura 2000) le sentier côtier surplombe une succession de criques blanches baignées d’eaux turquoises et permet de visiter plusieurs petits musées. La réserve est réputée pour sa flore typique et ses palmiers nains Chamaerops humilis. Stabile, Anselmo, dans leur petite boulangerie de Scopello sont aussi impressionnants d’efficacité que les sandwichs proposés. Sur le "Monte Royale" la cathédrale construite en 1174 est l’un des plus beaux exemples de l’architecture normande en Sicile, qui mêle les styles normand, arabe et byzantin. La circulation dans Palerme ...
Dégustations : Le petit déjeuner est composé de diverses pâtisseries (réservées généralement au goûter des enfants) et pain, confitures, miel, beurre, fruits. Pour déjeuner un "pane cunzatu" s’impose sous d’immenses et vieux figuiers à Scopello, canollo ou glace et café pour finir. Le dîner chez Lella est un nouveau festival de saveurs et de couleurs. Ce soir : deux plats de légumes, des pâtes "busiate" de timilia (de son ami meunier Filippo Drago), des boulettes "Polpettine di sarde al sugo" et des douceurs avec un alcool de plantes et la verveine de Gap préparé par Simone pour nos hôtes.
Emotions : La réserve de Zingaro est un havre de paix comparé à la vie bruyante et agitée de Palerme. Sous le soleil les couleurs sont magnifiques, de l’ocre des rochers qui plongent dans la mer turquoise à la blancheur des petites plages de galets. Une bonne bouffée de nature et de plaisir. L’ensemble cloître, cathédrale, palais, de Monreale ; est un témoin magnifique des traces laissées par les divers occupants de l’île. Notre hôtesse, avec sa gentillesse, sa disponibilité et la connaissance de la Sicile est très attachante.
Trajet : De Sferracavallo à Palerme pour une visite du centre historique puis direction Libertinia pour la visite de l’azienda Mandre Rosse de Lidia Tusa. Ensuite il faut rejoindre Roberto à Catane pour dîner avant de retrouver sa maison au niveau de la Costa Saracena près d’Augusta.
Rencontres : Toujours Lella dans son rôle de guide (expert) de Palerme, Lidia et son oncle Alessandro, Gaetano et les ouvriers de Mandre Rosse, Mimmo, Roberto, Mustafà et Abdullaye, les chiens aboyeurs.
Découvertes : Garer le minibus dans le centre ancien de Palerme est déjà un défi. Après il faut suivre Lella qui est intarissable sur sa ville. Des marchés de Ballaro et Vucciria au Duomo, de la Piazza Bellini, au carrefour des Quattri Canti Lella nous à guidés dans un dédale de ruelles qui laissent voir, des "carrettu sicilianu" et encore, des immeubles détruits par les bombardements de la 2e guerre mondiale. Places et monuments se succèdent comme les églises qui se côtoient parfois à quelques métres pour marquer la richesse de ceux qui en offrant un édifice religieux achetaient la paix de leur âme. Le carrefour des Quattro canti est décoré par quatre fontaines baroques qui marquent la limite des quartiers historiques de Palerme : l’Albergheria, le Capo, la Loggia et la Kalsa. Tout près, la Piazza Pretoria est occupée par les bassins de la fontaine dite « Delle Vergogne » (de la Honte), en raison des statues de nymphes un peu trop dénudées aux yeux des pieux Palermitains du XVIe siècle. Dans la Martorana, construite par les Normands au XIIe siècle, cohabitent des mosaïques byzantines, des chapiteaux fatimides (en référence à la dynastie chiite qui a dominé la région de 911 à 1171) où on lit à l’infini le nom d’Allah " les Normands avaient embauché les artisans arabes qu’ils avaient soumis " et des fresques baroques. Presque collée, San Cataldo est quant à elle une parfaite synthèse du style arabo-normand en vogue au XIIe siècle, avec ses formes épurées, son dénuement et ses coupoles rouge ocre.
Mandre Rosse, Libertinia, ici c’est le centre sauvage de la Sicile. A perte de vue, les collines de terre ocre, dessinent jusqu’à l’Etna, au loin, un paysage à la fois doux par ses formes et dur par son dénuement. Nos hôtes, ici aussi, ne sont pas avides d’attentions. Le village de Libertinia est toujours plus abandonné.
Catane à la tombée de la nuit s’agite d’une animation bruyante et fébrile pour « l’aperitivo » et les dîners en terrasse. Entre la cathédrale et l’hôtel de ville la fontaine de l’éléphant (sculpté par Giovanni Battista Vaccarini dans la pierre volcanique en 1736) est le symbole de Catane. Nous rejoignons Roberto pour dîner dans un restaurant près du marché aux poissons. C’est à 23 heures que nous rejoignons notre hébergement chez Roberto.
Dégustations : Le petit déjeuner est agrémenté de "cornetti" et de figues de barbarie. Pour le déjeuner Lella nous guide jusqu’à un marchand ambulant qui nous prépare un "pane e panelle" (beignets de farine de pois chiche), nous achetons des "cucunci" (fruit du caprier) et nous finissons dans une pâtisserie pour le dessert et le café. A presque 18 heures c’est la collation de bienvenue chez Lidia (comment refuser ?). Le dîner offert par Roberto à Catane (Fratelli Vittorio) est copieux, savoureux et animé : pâtes, fruits de mer, dolce, vin blanc.
Emotions : Quitter Lella c’est une belle émotion. Fin (provisoire) d’une belle rencontre avec une personne qui fait ce quelle dit en toute simplicité.
Partir de Libertinia c’est aussi quitter des personnes sensibles que j’ai pu apprécier pleinement en 2014 et qui me laissent un très bon souvenir. La travail et le climat ici sont difficiles. Il faut aimer la Sicile pour rester sur ces terres transmises par les générations précédentes.
Catane dégage une forte impression qui s’illustre par le contraste entre le marché aux poissons et, à quelques dizaines de mètres, de magnifiques palais, églises, théâtres, … Elle offre un témoignage exceptionnel du génie exubérant de l’art et de l’architecture du baroque tardif. Elle figure sur la World Heritage List de l’Unesco.
Pour finir la journée Roberto nous épate encore avec de nouveaux projets. Il dégage en toute circonstances une telle énergie et une simplicité que ses idées, deviennent vite des convictions.
Trajet : Départ vers 8h 15 pour visiter le nouveau projet de Roberto près de l’autoroute Catane Syracuse. Puis Caltagironne, la « campagna » de Michele, Notto chez Beppe et retour C. da Raffaciavoli, Augusta (chez Roberto).
Rencontres : Roberto, son voisin, Armèle, Roger, Michele, Vittoria lo Dico, les amis de Michele, (la sympathique Marguerite), Beppe et sa famille, six consommateurs français en vacances à Notto, Vanni, Manu et Nina.
Découvertes : Le nouveau projet de Roberto c’est la mise en culture d’une friche de 6 ha près de l’autoroute Catane Syracuse. Trois grandes terrasses sont déjà plantées de bananiers, d’avocatiers, … Au total 40 espèces de fruitiers tropicaux. L’arrosage est en place et le terrain clôturé. Les alignements de rochers (extractions du chantier de l’autoroute) confirment, s’il le fallait, le travail qu’il a fallu faire pour aménager cet espace. Le projet qui inclut déjà Mustafà et Abdullaye, comme co-producteurs, veut impliquer les consommateurs sous forme de prise de participation. Dans sa finalité une maison commune sera implantée sur le terrain et des cultures de plantes aromatiques et condimentaires seront installées sur les parties rocheuses. Impressionnant.
Vers 10 heures départ pour Caltagironne. Arrêt au cimetière, déclaré monument national le lieu est pittoresque. Le complexe de style gothique présente un plan carré, avec une croix grecque formée par une série de cent soixante arcades et des portiques constituant les quatre allées principales.
Le cimetière de Caltagirone, connu également sous le nom de « Cimetière du paradis » a été réalisé par Giambattista Nicastro durant la seconde moitié du XIXe siècle avec différents matériaux siciliens : la pierre blanche de Raguse, la pierre volcanique foncée et surtout la terre cuite. Fortement agrandi par rapport aux vingt mille mètres carrés de l’origine, le cimetière a été enrichi par des maîtres maçons et de grands architectes qui ont créés des chapelles qui sont de véritables chefs-d’œuvre.
Par facilité c’est ici que nous retrouverons, Armèle, la maman d’Adrien et son compagnon Roger et Michele Russo qui nous conduit dans sa « campagna » (Azienda Ficodindia Caudarella). Sur les terres de son grand-père il est impressionnant de marcher entre deux rangées de figuiers de barbarie de plus de 2,50 m de haut dont les pieds près du sol semblent fossilisés. A cette époque de l’année les « raquettes » portent de nombreux fruits. Michele est intarissable sur le figuier de barbarie et les expériences associées à cette culture. Il insiste sur la croissance plus rapide du chêne liège ou la pousse spontanée des oliviers, mûriers qui à leur tour apportent des fruits. Pratiquant la permaculture Michele a agrandi son potager depuis 2014 et multiplié le nombre de ruches. Pendant le repas pris sous les arbres il évoque ses nombreux projets et la reconnaissance de son travail par les universitaires régionaux. Les expériences de Michele s’inscrivent maintenant dans le cadre du programme Européen Life (pour la nature et la biodiversité). Michele, Vittoria, Mimmo, sa compagne nous accompagnent à Caltagirone et nous offrent une pâtisserie et un café avant de gravir la principale attraction de la ville : les 142 marches de l’escalier Santa Maria del Monte, construit en 1608. Chacune des marches est décorée avec des céramiques faites à la main.
Départ vers Notto en fin d’après-midi pour retrouver Beppe chez qui nous dînerons.
Trois couples de français en vacances à Notto (consommateurs d’agrumes), Armèle et Georges, Giovanni Spataro (dit Vanni) et Manuela Gugliotta, leur fille Nina (rencontrés en 2014) sont avec nous pour partager les pizze extraordinaires de Beppe. Une soirée douce et beaucoup de chaleur humaine. Retour chez Roberto vers 23h 30. Dur les vacances !
Dégustations : Après un rapide petit déjeuner chez Roberto agrémenté de fruits fraîchement cueillis (Grenades, feijoa, bananes) nous avons sur la route de Caltagironne cédé à la tentation d’un « cornetto ». Chez Michele c’est un festival de saveurs, fruits (raisin muscat, figue de barbarie blanche et rouge) jus de fruits au gingembre, pesto, salade d’herbes et asperges sauvages que Michele nous fait découvrir tout autour de la terrasse ombragée, pasta, omelette aux herbes, vin, … Puis les dolce de Caltagirone et le soir les pizze de Beppe du salé jusqu’au sucré. Des estomacs repus et des saveurs multiples.
Emotions : Beaucoup d’impressions, des sentiments brouillés par cette longue journée. C’est un plaisir intense de découvrir le nouveau projet de Roberto, bananes et fruits tropicaux sauveront peut-être un coin de Sicile ? Et associer comme co-producteurs les deux migrants … Respects ! Michele est une source d’inventivité et d’optimisme. Beppe (l’uomo di campagna) des Galline déborde de gentillesse et de vitalité. Beaucoup de plaisirs partagés, générosité, saveurs nouvelles pour une journée qui nous ramène un moment à la réalité qu’en nous passons devant un camp de migrants.
Trajet : Départ vers 10h 15 pour déposer Alain et Laurence à l’aéroport de Catane, passage par le quartier de Librino pour voir la « Porta della Bellezza » et direction de Misterbianco pour retrouver Antonio et Patrizia Grimaldi (azienda agricola Masseria Cuba) ferme Bio depuis 1994. Puis départ vers Syracuse pour une visite de l’ÁŽle d’Ortygie et retour chez Roberto.
Rencontres : Les élèves d’une école de tourisme de Lille en visite chez Roberto, Mustafà et Abdullaye, Barbara, Davide, Manfredi, Stefano, Mario, un autre groupe d’élèves italiens, Patrizia, Antonio, les 30 chiens, …
Découvertes : Je guide notre petit groupe dans la propriété de Roberto pendant qu’il présente ses projets aux jeunes visiteurs français. Tout le terrain est maintenant occupé de bananiers, citronniers, orangers, cédrats, attiers (annones), quelques avocatiers et par le potager (artichauts, courgettes, poivrons, tomates, …). La végétation est impressionnante par son foisonnement et sa vigueur. L’entrepôt des Galline est animé. En route pour Misterbianco nous passons par le quartier de Librino pour voir rapidement la « Porta della Bellezza » (porte de la beauté) oeuvre composée de 9.000 pièces de terre cuite qui assemblés en 13 panneaux poétiques rendent hommage à la « Grande mère ». Ce projet réalisé par des artistes avec la participation de 2.000 enfants de ce quartier très difficile est aussi le défi de remettre en beauté un mur sans attrait. Notre arrivée chez Antonio est saluée par une partie des 30 chiens (il n’en connaît plus le nombre exact). Un grand tour dans la propriété : oliviers, vignes, orangers, ruches nous démontre que même aux portes « industrielles » de Catane (décor qui agace beaucoup Antonio) la végétation est impressionnante. Devant la maison tout autour de l’ancien « jardin », source où traditionnellement étaient cultivés le potager et le jardin d’agrément des propriétés, poussent des massifs de fleurs, des arbres curieux comme le Fromager ou arbre à kapok.
La visite se termine par l’ancienne cave de la propriété qu’Antonio espère transformer en musée. Déjeuner dans le chai et moment de partage. Puis départ pour Syracuse où nous passerons la fin de l’après-midi sur l’île d’Ortygie. Le dédale de petites ruelles nous amène des ruines du temple d’Apollon aux colonnes de l’ancien temple d’Athénée prises dans les murs de la cathédrale. Une façon originale de conserver des vestiges d’architecture. Le retour se fait par la fontaine Aretusa et le Foro Vittorio Emanuele II.
Dégustation : Les figues de Barbarie, raisin muscat, agrémentent le café et le pain grillé du petit déjeuner. Pour le déjeuner antipasti des produits « Grimaldi », saucisson, fromage avec une dégustation de vins « maison » puis pasta, légumes, saucisses grillées, pommes de terre, tomates, déserts de fruits : grenades, oranges « Valencia » et clémentines cueillies au mois de mai et conservées au frigo. Elles sont comme fraîches. Pour finir le repas Antonio nous fait goûter un vin oublié dans une barrique qui ressemble fort à un vieux Madère. Sur la piazza Duomo de Syracuse nous ne résistons pas à un cannolo. Le soir chez Roberto légumes grillés, riz à l’africaine, comme l’a baptisé Abdullaye, vin et liqueur de mandarine.
Emotions : Roberto est toujours aussi magistral et passionné lorsqu’il présente les Galline. Retrouver Antonio Grimaldi et Patrizia est un bon moment. Leur accueil chaleureux, le temps qui ne semble pas compter lorsqu’ils reçoivent des visiteurs, la conviction exprimée par le travail de leur terre sont autant d’expressions de leur engagement.
Entre mer et mythe, Syracuse est une émotion. Une ville, au sud de la Sicile, la plus belle de l’île triangulaire, où s’opère un voyage étrange dans le temps. "Un mélange de Venise, d’Afrique et d’Orient", dit l’écrivain Dominique Fernandez. Partout, la mer à l’infini et des siècles d’histoire qui se côtoient : la splendeur de la Grèce antique, le baroque ouvragé de la Renaissance, les empreintes des Romains et des Byzantins, des Arabes et des Normands, des Souabes et des Aragonais. Tous ont laissé leurs traces dans la ville.
Trajet : Nous quittons la maison de Roberto pour Catane, nous avons rendez-vous à l’entrepôt des Galline avec Roberto. Ensuite nous contournerons l’Etna par le sud en direction Bronte, la capitale sicilienne de la pistache. Nous poursuivons notre tour de l’Etna par le nord avec un arrêt à Randazzo puis direction Trepundi di Giarre où nous attend Carlo Limone et nous terminons à Zafferana Etna ou nous coucherons pour les deux dernières nuits de notre séjour.
Rencontres : Barbara, Davide, Stefano, Mario, les ouvriers de l’entrepôt, un groupe d’écoliers siciliens qui viennent découvrir le consorsio, Salvatore Grigoli, Guiseppe Severini, Carlo Limone, Paolo Costa, Pia Guiseppe et Teresa.
Découvertes : Un arrêt dans un centre commercial de Catane montre qu’ici aussi le gigantisme n’est pas un gage de réussite économique. Des centaines d’enseignes mais probablement moins de visiteurs que de commerçants … L’entrepôt des Galline est en effervescence. C’est le départ du premier camion de la saison pour le nord de la France, la Belgique, les Pays Bas. Le tri des agrumes est rapidement réalisé par huit personnes, l’agitation est palpable mais la visite du groupe de collégiens ne semble pas perturber l’organisation.
À Bronte Salvatore Grigoli nous accompagne dans son exploitation de pistachiers. Un arbre qui ressemble avec son tronc blanc au bois du figuier. Pas de récolte cette année, les producteurs de cette appellation protégée ont décidé de ne récolter que tous les deux ans pour une meilleure gestion de la production de ce fruit précieux. Implanté par les arabes au VIIIe siècle cet or vert de la région de Bronte occupe 3.000 ha de l’espèce Pistacia Vera et a obtenu l’AOP « Pistacchio verde di Bronte » en 2010. Les fruits produits dans cette région différent du reste de la production mondiale, pour l’arôme, la couleur, le goût et les propriétés organoleptiques, peut-être pour les richesses minérales du terroir des pentes de l’Etna.
A Randazzo le hasard nous conduit dans une maison « boite à musique ». Guiseppe Antonio Severini est un luthier très particulier. S’il crée des instruments il répare et recrée à la demande tous les instruments de l’histoire de la musique. Guiseppe nous fait visiter sa maison musée où par l’entrebâillement des fenêtres le vent joue une harmonie improvisée dans les « boites » à cordes savamment installées … Il joue pour nous de la vielle à roue. Un maître de la musique d’une grande gentillesse.
Notre trajet nous amène ensuite vers une autre belle rencontre. Carlo Limone nous fait d’abord les honneurs des plantations qui entourent son B&B. Sur les six hectares « bio » de sa propriété, Azienda San Matteo, il récolte une grande variété de fruits : les énormes noix Panizzare qui doivent être mangées fraîches, des feijoa, des kiwis, des noix de Pecan, abricots, pêches, cerises, prunes, … des agrumes et toutes sortes de baies qui mûrissent jusqu’en décembre sur cette terre fertile de l’Etna et dans deux serres il expérimente la culture de fraises sur substrat. Le tout dans un grand respect de la biodiversité. Il a aussi mis au point une technique de fabrication de confitures sucrées naturellement avec du concentré de jus de raisin. Il nous fait goûter ses préparations salées et sucrées avec un blanc délicieux et nous pouvons reprendre la route. Nous arrivons à 19h chez Paolo et Pia Costa au B&B Sotto i Pini.
Dégustation : Les bananes de Roberto sont au menu du petit déjeuner avec des grenades que nous avons égrainées pour la visite des étudiants. Le déjeuner à Bronte est à la fois simple et extraordinaire de saveurs : arancini al pistacchio et gelato al pistacchio de Bronte au Sport Bar Saitta. Les dégustations de noix, feijoa, confitures de Carlo font notre goûter avec un vin blanc Fazio U’Marusu Grillo 2015. Le dîner est riche et bon. Après l’apéritif avec fromages, olives, tomates séchées à l’huile nous passons aux pâtes à la ricotta accompagnées de légumes suivies de saucisses grillées. Les journées sont difficiles en Sicile !
Emotions : De Barbara à Roberto, de Davide à Stefano, de Salvatore Grigoli à Guiseppe Severini, de Carlo Limone à Paolo Costa, de tous ces personnages se dégage une sorte d’humanité naturelle qui interpelle. Bien sûr rien ne semble facile à ces personnages qui se débattent au quotidien dans leurs activités mais quand ils nous reçoivent ils le font bien.
Trajet : Nous quittons le B&B Sotto i Pini vers 7h45, passage à Milo, direction refuge de Citelli (1736 m). Par le sentier balisé n° 723 nous nous dirigeons vers le Pizzi Deneri (2.847 m). Pause au refuge avant la descente vers la plage de Riposto et retour vers Zafferana Etnea.
Rencontres : Des épiciers (Pennisi Grazia), comme il n’y en a plus en France, un cueilleur de champignons, la fanfare de Riposto, toute la famille (oncles, cousins, grands parents, …) de Guiseppe, fils de Paolo et Pia, qui fête ses 6 ans.
Découvertes : C’est dans le petit village de Milo que nous choisissons de faire préparer notre déjeuner. La petite épicerie tenue par un jeune couple regorge de marchandises. Pour préparer nos sandwich nous choisissons d’abord notre pain puis l’épicière nous fait choisir la garniture (charcuterie, fromage ou mixte) pèse chaque ingrédients et confectionne le casse-croûte. Adrien nous a proposé de faire seuls une ballade sur les flans de l’Etna. Nous arrivons par une petite route sinueuse au refuge Citelli (1.736 m). Depuis le refuge nous prenons le sentier balisé n° 723 en direction du Pizzi Deneri (2.847 m). En chemin, nous rencontrons un cueilleur de champignons qui avec beaucoup de naturel nous présente son panier rempli de cèpes. La montée dans les cendres noires est assez facile. Les bouleaux aux troncs blancs et les feuillages qui commencent à prendre leur teinte automnale créent une palette colorée de carte postale.
Arrêt dans une grotte de lave puis en surplomb de la Valle del Bove nous découvrons les « dykes », anciens filons d’alimentation de lave du volcan actuel qui ont émergé dans la vallée comme de véritables murs que les anciens prenaient pour des fortifications bâties par les dieux. Des cratères de l’Etna des fumerolles s’échappent continuellement. Après le déjeuner nous prenons le chemin du retour. Une voie ludique qui nous permet de courir dans une large coulée de cendres noires (sable pyroclastique) qui descend tout droit vers le refuge Citelli que nous avons en point de mire. Une boisson chaude et nous partons vers la mer. C’est sur la plage de Riposto que nous choisissons de faire une pause. Seul Henri aura le courage d’affronter les vagues de cette fin d’après midi. Après le bain nous ne résistons pas au « dolce » quotidien dans le centre de Riposto qui résonne d’une fanfare aux sonorités philharmoniques.
Sur le chemin du retour un arrêt dans une grande surface nous offre l’occasion de ramener quelques souvenirs complémentaires (chocolat de Modica, …).
La soirée chez Paolo est animée. Guiseppe fête ses 6 ans et toute la famille est conviée pour partager les glaces multicolores préparées par Pia.
Dégustation : Le cornetto à la crème du petit déjeuner est excellent, les énormes sandwichs préparés à Milo ont pu caler notre faim de randonneurs avec du raisin et du vin rouge. Nous n’avons pas sacrifié le canollo de l’après midi dans le centre de Riposto et le soir au dîner c’est encore « la festa ». Apéritivo avec dégustation de fromages accompagné du miel et du sirop de caroube, patates douces en beignets, pasta avec câpres, poivrons, amandes, cubes de poulet en sauce et les glaces colorées préparées pour les 6 ans de Guiseppe.
Emotions : L’Etna est impressionnant. Personnellement je reviendrai et j’essayerai d’aller voir de plus près les cratères sommitaux. Pour le reste de la journée, tout se bouscule un peu, dans toutes nos rencontres, nos visites, nous mesurons que cette région italienne est bien singulière (et par là très attachante).
C’est le chemin du retour. Sur l’autoroute qui relie Catane à Palerme nous faisons une pause café pâtisserie (pour ne pas perdre l’habitude). Le plein du minibus fait nous déposons le véhicule chez Maggiore et rejoignons le hall départ de l’aéroport qui a pris le nom des deux juges anti mafia assassinés à deux mois d’intervalle en 1992.
En attendant le décollage nous occupons l’heure d’attente (quelques achats et dernière collation sicilienne). Le vol vers Turin est à l’heure. Nous retrouvons facilement la navette pour le parking et il ne reste plus qu’à faire la route jusqu’à Gap.
Si le but initial du voyage n’a pas été réalisé c’est bien plus de plaisir que nous avons ramené finalement dans ce périple.
Nous avons commencé par traîner nos valises sous la pluie, dans la nuit, sur les parkings de l’aéroport de Palerme. Mais compensation, le lendemain une baignade bienfaitrice dans les eaux turquoise de la réserve de Zingaro nous ramenait à la réalité de la douceur sicilienne. Lella avec toutes ses attentions a été plus qu’une hôtesse de B&B. Antonio quand il me serre dans ses bras, comme on accueille un ami retrouvé, me rappelle ce séjour partagé (avec un « ours » trop aimable) en 2014. Roberto, l’infatigable, nous épate avec ses projets. Il parle d’une idée et nous montre une réalisation. Un personnage complexe et attachant pétri d’un engagement total. Il faudrait les citer tous : Lidia, Carlo, Salvatore, Paolo, Beppe, Michele, pour évoquer ces femmes et ces hommes magnifiquement « réels » dans une réalité sicilienne complexe.
Bien sûr la majorité de nos visites étaient prévues et organisées. Dans ces situations celui qui reçoit fait l’effort d’être aimable. Mais ces siciliens là, ont eux, un charisme incroyable, qui au travers de leurs engagements, transcende le simple fait de bien accueillir le voyageur de passage, même si ce dernier est un client potentiel du Nord.
Ce voyage sera renouvelé. L’organisation sera probablement différente mais, pour moi, l’envie d’aider ces producteurs est encore plus forte, comme nous aidons les producteurs près de chez nous, le dépaysement en plus.
Photos : Henri Mévolhon, Nathalie Gaultier, Simone Borel, Jacques Solomiac